Les Mémoires Boccassiennes est un documentaire qui a représenté plusieurs années de recherches avec un objectif : capter l’aura de ce quartier situé à l’entrée de Cannes. Mais concrètement comment le tournage a t’il pris forme? Nous vous dévoilons ici l’origine de ce projet qui n’était pas destiné à être un long-métrage…

Affiche Les mémoires boccassiennes
Affiche Les mémoires boccassiennes

Le documentaire Les Mémoires Boccassiennes est avant tout une aventure humaine. En effet,  le long-métrage s’immisce au plus près des habitants qui se confient sans tabou sur leur vécu.

Toute l’histoire du quartier de la Bocca est retracée de sa création en 1856 par  Joseph Barthelemy qui fonda la Verrerie jusqu’à la démolition de cette dernière. En plus d’un intérêt culturel régional, il revêt aussi une portée internationale en s’intéressant aux différents flux migratoires qui ont permis à ce quartier de grandir. Russes, italiens, arméniens ont notamment peuplé ce lieu au fil des années. Certains descendants sont encore là pour témoigner de ce vécu. Toutefois, la conception de ce long-métrage a représenté plusieurs années de travail pour la cinéaste. Elle vous explique comment il a été conçu et les difficultés qu’elle a du affronter pour mener le projet à son terme.

Les prémisses d’un projet : cannois et boccassien oui mais comment?

Étant cannoise puisque née à Cannes,  je vis pourtant depuis toujours dans le quartier de Cannes la Bocca. Malgré cela, j’avais du mal à comprendre pour quelles raisons les habitants de la Bocca n’utilisaient pas l’appellation cannois. Je décida donc de réaliser une courte production s’interrogeant sur les différences entre les cannois et les boccassiens.

A ce moment précis, je ne pensais pas que ce sujet me monopoliserait autant. Mes premières recherches furent plutôt compliquées.  En effet, les boccassiens disposaient de leur propre association tout comme les cannois. Chacun à sa manière défendait ses origines, mais aussi leurs histoires très différentes et j’avais du mal à en comprendre les raisons. Mes premières rencontres furent d’ailleurs houleuses. En effet, certaines personnes que je contactais refusaient de témoigner. Les échanges étaient parfois vifs, on ne comprenait pas ma démarche. . Au départ, je ne pouvais compter que sur mes impressions personnelles jusqu’au moment où je fis une rencontre qui allait changer le cours de mes investigations.

La rencontre qui va tout changer pour Les mémoires Boccassiennes…

André Sératore, un Boccassien passionné par son quartier
André Sératore, un Boccassien passionné par son quartier

André Sératore est le premier intervenant à avoir accepté de participer au projet. Très abordable, il a très rapidement accepté de se laisser filmer même s’il ne comprenait pas spécialement l’objet de mon projet.

 Le rendez-vous fut pris et le tournage eut lieu quelques jours plus tard.  Je le laissais donc me guider à travers les rues de ce quartier que je redécouvrais. Il était timide, les premières prises étaient tremblantes et je me demandais ce que j’allais bien pouvoir faire de ces séquences. Sans séquencier, j’avais pour fil conducteur le témoignage de cet homme passionné par le lieu de sa naissance. Il avait consacré une grande partie de sa vie à rassembler le moindre document concernant la Bocca permettant ainsi de retracer toute son histoire. 

Notre journée de tournage donna lieu à une courte production de trois minutes. Par la suite, cette dernière fut rallongée et devint un court-documentaire de 10 minutes.

Toutefois, le projet n’en était qu’à son commencement… 

Le long-métrage fait son chemin.

J’avais en ma possession cette source inépuisable d’informations sur la Bocca. Intérieurement, je me disais que ce quartier méritait bien qu’on s’y attarde plus longuement. Le film de  10 minutes retraçait surtout l’histoire d’André Sératore. Il fut intimidé par ma démarche.

Après le premier tournage, il me confessa qu’au départ il n’avait pas compris que je voulais le filmer et qu’il avait du affronter les critiques de certains du quartier. En effet, après les différentes présentation, il m’avait explique que certains l’avaient accusé de s’est attribué toute l’histoire de la Bocca. Il répondait que chacun était libre de témoigner mais peu oser franchir le cap.

André Sératore n’aimait pas se mettre en avant. Pourtant, il était devenu le protagoniste principal d’une réalisation. Les mémoires d’un quartier ouvrier intéressa énormément d’associations. Ainsi, nous partîmes à la rencontre de boccassiens et de cannois pour présenter le résultat de nos tournages. Après une dizaine de projections, une critique revenait toujours : pourquoi est-ce si court? Pourquoi avoir choisi de raconter telle histoire et pas une autre? 

Même si André Sératore était le référent sur l’histoire boccassienne, il fallait recueillir plus de témoignages afin d’avoir une oeuvre qui se rapprocherait au maximum du quotidien des habitants de ce quartier. La décision de partir sur un projet de long-métrage fut prise en juillet 2015.

Toutefois, la réalisation de ce dernier fut complexe. En effet, malgré les projections du court-documentaire, le projet avait du mal à gagner en notoriété. De ce fait, les habitants étaient récalcitrant à l’idée de participer. Il fallait que le bouche à oreille se fasse et aller convaincre un par un les gens de témoigner. De plus, certains habitants étant décédés, il fallait aussi réussir à retrouver des descendants. Un vrai travail de recherche qui prit plusieurs années. 

Faire fusionner les témoignages.

Les Mémoires boccassiennes ne devait pas seulement être un film qui retracerait l’historique de ce quartier. Il devait aussi retranscrire ce que signifiait être Boccassien. L’objectif était de rassembler suffisamment de témoignages pour que ce soit les habitants qui racontent leur histoire et leur quartier.

 Malheureusement, les gens  avaient du mal à faire confiance à quelqu’un de plus jeune pour raconter leur histoire. Dans un second temps, ils avaient pour la plupart l’impression de ne rien avoir à raconter d’intéressant. Je me souviens avoir dialogué durant 3 heures avec un intervenant pour qu’il accepte. D’autres me recevait mais aah dernier moment refusait. C’était très décourageant mais à chaque refus, s’enchainé une acceptation et certains prirent le projet à coeur. Ils se mirent à téléphoner à leurs entourage, à me laisser dans ma boite aux lettres des lettres, des photographies, ils avaient à coeur de faire vivre cette mémoire et leur motivation me donnait envie de ne pas laisser tomber. Finalement, le bouche à oreille commença à fonctionner après un an de tournage. Fin 2016, j’avais en ma possession suffisamment de témoignages pour pouvoir entamer le montage du long-métrage. 

Ce dernier fut aussi un long-travail. La plus grande difficulté était de faire coïncider les récits entre eux. Je souhaitais que le film respecte à la fois une certaines cohérence historique tout en laissant la parole aux habitants. 

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